Le regard de l'autre.

Publié le par josephine

 

A chaque fois, le regard des autres nous restitue une part ignorée. Il rend plus spacieux notre mode d'être à l'existence en nous remettant des parcelles de vie méconnues. Ou bien oubliées.

Ainsi, il importe que ce regard soit chargé de bienveillance. Ou qu'arrivés à l'âge adulte, celui où l'on n'est plus un enfant exposé, l'on sache s'entourer de ces êtres emplis de bonté.

Ils sont aisés à reconnaître.....

Il en est ainsi des retrouvailles avec ceux qui possèdent une part de notre mémoire, camarades et amies de lycée, compagnons appartenant à la même « classe », cette coutume des campagnes où naître la même année implique des liens qui perdurent jusqu'à la fin d'une existence...

« - Je me rappelle en seconde, tu as tout à coup fondu en larmes parce qu'on coupait les arbres derrière le lycée. Je me disais, tout de même, elle exagère, un tel chagrin pour des arbres.... » me disait Maïthé.

Pleurer pour des arbres que l'on abat, je l'avais oublié....

Elle l'ignorait alors, et peut être l'ignorais-je aussi?

Ce n'était pas les arbres.... Bien qu'un arbre en train de s'effrondrer, la vie en craquement sinistre...

Cela, à présent, nous le savions toutes deux. D'ailleurs, à l'époque où nous étions si unies, n'était -ce pas dans la prémonition que nous connaîtrions, à l'aube de l'adolescence, un arrachement semblable, celui d'un deuil toujours trop précoce?

Ce fut mon frère d'abord, un enfant, qui criait sa douleur et son effroi la nuit...

Puis le père de Maïthé. Cancer, déjà ce mal sournois, inexorable....

La mort de mon frère, il me fut impossible de la pleurer.

Le chagrin est venu, un an plus tard, à la disparition de mon grand père. Mon grand père.

Une identique solitude.

A l'époque, la vie était si dure, on ignorait la peine des enfants.

Mais les arbres?

IDe temps très anciens, me sont revenus quelques vers:

" Ecoutes bûcheron, arrête un peu le bras

Ne vois tu pas le sang lequel dégoûte à force

Des nymphes qui vivaient dessous la rude écorce?"

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